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L’aventure maritime de Peugeot

Le saviez-vous ? il existe des canots Peugeot. Henri Auger, bénévole de L’Aventure Peugeot, nous fait voguer et nous raconte cette belle aventure maritime !

Lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1889, Armand Peugeot (qui y présente son tricycle à vapeur réalisé en collaboration avec Léon Serpollet) voit évoluer sur la Seine deux canots, la « Violette » et le « Passe-partout », dotés d’un moteur bicylindre en V fonctionnant à l’essence de pétrole et conçus par l’ingénieur allemand Gottlieb Daimler. C’est cette motorisation, adaptée au transport terrestre et fabriquée en France sous licence par les Ets Panhard & Levassor, que retiendra Armand dès 1890 pour équiper ses premières ῍voitures automotrices῍ (que nos Académiciens nommeront ῍automobiles῍ début 1896). Pensait-il à l’époque qu’un jour il motoriserait aussi des bateaux ?

En 1883, Armand Peugeot est tombé sous le charme d’un petit coin de Bretagne, Morgat, où il crée une station balnéaire. Depuis, l’industriel franc-comtois a l’idée d’y motoriser ses bateaux de pêche.

Le 26 novembre 1904, il s’associe à Tony Hubert, un petit constructeur de moteurs et d’automobiles, et fonde la société « Armand Peugeot – Tony Huber et Cie » (rue du vieux pont de Sèvres à Billancourt). Son objectif principal est la construction de moteurs de bateaux. Le premier bateau de pêche à être doté d’un moteur (mais qui comporte aussi des voiles) est baptisé ῍Le Comtois῍ !  Il est réalisé au chantier du port de Morgat. Armand Peugeot y fait une autre expérience navale, armé un thonier (῍l’A-raok῍) qui malheureusement sombre après seulement deux sorties en mer.

Comme d’autres constructeurs automobiles de l’époque, la Société Anonyme des Automobiles Peugeot va proposer à des chantiers navals des moteurs dérivés de ceux de ses voitures et destinés à des « canots automobiles ». Des courses sont organisées dans des stations en vogue, comme Monaco. Le canot Peugeot III y remporte la Coupe des cruisers de 6,50 à 8 m en 1904.

En 1907, Peugeot expose à Paris, des groupes motopropulseurs à usage maritime ; à côté d’un 8 ch. monocylindre sont présentés des 4 cylindres en 3 versions de 10 à 16 ch. Y sont aussi exposés : une vedette maritime pour 15 passagers ayant remporté le 1er prix du Concours de la Coupe de Rouen en 1906, un gros moteur de 50 ch. monté sur la vedette « Breiz-Izel » (« basse-Bretagne », allusion à Morgat) construite par le chantier de Coninck de Maisons-Laffitte et un bateau de 3 T doté d’un 24 ch. le propulsant à une vitesse de 7 nœuds. Nous ignorons les volumes représentés par ces productions, bien marginales à côté de celle des automobiles. Cette activité marine est interrompue lors de la première guerre mondiale et n’est relancée qu’en 1921.

Au début de 1925, à l’initiative de Lucien Rosengart (1881-1976), alors Administrateur Délégué de la « Société Anonyme des Automobiles et Cycles Peugeot », la « Société Peugeot Maritime » est créée à Paris, et a pour objet « la production de moteurs marins, de canots glisseurs, et de canots de promenade à rames ou à propulsion mécanique ».

Lucien Rosengart a de grandes ambitions et rêve d’exploiter les 15 000 km de voies intérieures navigables de France, pour créer « un nouveau mode de circulation grâce à des « Automobiles qui vont sur l’eau – le tout au calme, sans chaos, sans trépidation ni poussière dans l’œil » ! Un atelier consacré à ces fabrications est aménagé à Levallois. Début 1926, cinq moteurs sont livrés et deux canots de 7,50 m, dotés du moteur 10 ch. dérivé de celui de la Type 177, atteignent 12 nœuds (22 km/h) sur la Seine lors de leurs premiers essais, jugés très encourageants.

En juin 1926 est lancée l’étude d’une unité plus importante (7 m) propulsée par deux moteurs de 75 cv (moteur sans soupapes de la Type 174). Ce navire est destiné à la navigation avec 250 à 300 passagers sur le lac du Bourget (Savoie). Louis Rosengart réalise, sous sa propre marque, des moteurs hors-bord, de petite puissance, dérivés de son moteur auxiliaire de bicyclette puis, sous la marque Peugeot, trois modèles de 2,5 à 5 ch., qui selon leur charge peuvent entraîner une barque de 5-6 mètres de 10 à 14 km/h (exemplaire du 2,5 ch. visible au Musée).

En 1926, une coque de canot (avec tous ses équipements et son accastillage) est montée sur le châssis d’une voiture Peugeot Type 177 M. Elle fait un tour de France lors d’une caravane publicitaire présentant les automobiles de la Marque et contribuera ensuite régulièrement à la promotion de « Peugeot Maritime » qui, pour vanter ses productions, fait également éditer de magnifiques affiches suggérant l’élégance et la distinction du tourisme fluvial, ou la rapidité de la croisière sportive en mer. Cartes et guides de navigation sont diffusés par la société qui propose également des leçons de pilotage à Paris.

En octobre 1926, Lucien Rosengart crée le premier « Salon Nautique ». « Peugeot Maritime » y présente deux versions de canots « grand luxe » de 5,50 et 7,50 m. Leurs coques vernies assemblées en double bordé (terme marin désignant l’enveloppe extérieure d’un navire) d’acajou ou d’okoumé, rivalisent avec les prestigieux runabouts américains, anglais ou italiens. Les motorisations sont directement empruntées aux automobiles. Le prix en version standard du canot de 5,50 m est de 12 500 francs ; en comparaison, celui d’une voiture Peugeot 5 CV (dotée du même moteur) s’élève à 21 980 francs.

Au Salon Nautique de 1927, le stand Peugeot est l’un des plus importants. En plus des canots déjà cités, y sont exposés : un voilier de 8,50 m « l’ilot bleu« , un petit cruiser dénommé « week-end« , un « vélonautique » (ancêtre du pédalo, né de l’imagination fertile de Rosengart), un canoë canadien et des embarcations à rames (estampillées Peugeot mais probablement sous-traitées). Pour différentes raisons, les ambitions de Lucien Rosengart sont controversées au sein de la firme familiale. Il est donc invité à quitter la Société en janvier 1928.

Au salon de 1928, « Peugeot Maritime » vante « le triplement de son chiffre d’affaires en 1 an, ses bateaux en service dans 14 nations et leur présence dans les douanes, arsenaux et dans la Marine de guerre. Y est exposée une vedette livrable avec des motorisations essence 25/40 cv ou « à huile lourde » 30/45 cv (réalisées sous licence Junkers par la Compagnie Lilloise des Moteurs, filiale Peugeot fondée en 1928. Elle produit notamment des moteurs diesel de grosses cylindrées pour équiper des poids lourds (de différentes marques), des engins de travaux publics ou agricoles, des locomotrices ou … des bateaux.

L’activité nautique de Peugeot cesse en 1930, les investissements de la société étant alors consacrés en priorité au projet du « Grand Sochaux » et à surmonter la crise financière de l’époque. Ce sacrifice « nécessaire » participera ainsi au succès de la toute nouvelle Peugeot « 201 ». La firme poursuit toutefois ses ventes de moteurs « marins », et dans les années 50, quelques canots, nés d’initiatives privées, reçoivent une motorisation « 403 ». Des bateaux de tourisme ou de pêche sont aussi motorisés avec des Peugeot Diesel « Indénor » dans les années soixante.

-> Amis lecteurs, si vous possédez des pistes ou informations complémentaires sur cette « Aventure marine ou fluviale », merci de nous contacter par mail à musee@peugeot.com

 

L'aventure maritime de Peugeot

carte postale de Morgat

Canot sur châssis 11ch_9

canot sur châssis 11ch

canot sur chassis Type 177

canot de 1927

logo_mariniere

Logo des nouvelles marinières de L'Aventure Peugeot

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