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Zoom sur l’Eclair

Zoom sur l'Eclair

Tout commence lorsque la « petite reine » se voit attribuée ses lettres de noblesse dès la fin du XIXème siècle par un public de plus en plus intéressé par ce nouveau moyen de transport et sa pratique sportive. Dans le but de participer à la course cycliste “Paris-Brest” et retour de 1891, Édouard Michelin demande à son ingénieur maison, M. Laroche, de concevoir un dispositif de fixation du pneumatique qui soit « démontable en un quart d’heure par un imbécile ». Mis au point juste à temps pour pouvoir concourir, le dispositif est installé sur le cycle de M. Terront qui gagne la course de 1200 km, haut la main, avec près de 8 heures d’avance sur son poursuivant.

Dès 1894, Michelin se lance dans la fabrication de pneumatiques pour un autre mode de locomotion commençant à prendre son essor, l’automobile. Les frères Michelin testent ces pneumatiques d’un nouveau genre sur la voiture à cheval d’Édouard Michelin. Même si les problèmes de crevaisons sont légions, ils n’empêchent pas la mise au point des premiers pneus automobiles. Cette même année aura lieu la première « compétition » automobile, le Paris-Rouen, concours de voitures sans chevaux…

Pour préparer la course du “Paris-Bordeaux-Paris » de juin 1895, première véritable course automobile chronométrée, les usines de Clermont-Ferrand ont à disposition trois automobiles pouvant servir à mettre en avant le pneumatique.

Toutes trois ont un surnom : l’Hirondelle, l’Araignée et l’Éclair.

L’Hirondelle est une automobile prussienne de la marque Benz qui, tout comme les deux autres véhicules, va permettre d’effectuer des tests « grandeur nature », dans les environs de Clermont, en vue de la course.
Édouard Michelin garde en souvenir une anecdote qui nous aide à nous replacer dans le contexte : « tous les petits jeunes gens du bureau, dont certains sont aujourd’hui fondés de pouvoir de la maison, s’étaient rendus à la cote de Sayat pour voir monter la voiture. Il était 4 heures du matin et depuis une bonne heure ces enthousiastes du sport nouveau attendaient, lorsqu’ils aperçoivent un vieux bouvier qui descendait avec un troupeau de vaches. Le plus innocemment du monde, ils lui demandent si une voiture sans chevaux ne l’a pas croisé… Cette question qui n’étonnerait personne aujourd’hui a le don de plonger le brave homme dans une colère profonde.

– Est-ce que des gamins comme vous, s’écrie-t-il, doivent se moquer d’un homme de mon âge! Des voitures sans chevaux ! …
Et il lève son bâton pour corriger les garnements, lorsque, au même instant, émergeant d’un nuage de fumée, bien qu’elle fonctionnât au pétrole, apparait la voiture Benz !
… Le bouvier n’en est pas encore revenu. »
Néanmoins, il est impossible pour l’Hirondelle de relier Clermont à Paris pour le départ. Une panne moteur survient dans les environs d’Orléans… Après expertise, il s’agit du cylindre, qui fendu, laissait passer de l’eau dans la chambre de combustion.
La voiture ne participera pas à la course.

L’Araignée est une création originale de la Manufacture Michelin. Construite sur la base d’une motorisation de bateau de 4 chevaux, et équipée d’une transmission à arbre interrompu sans différentiel, elle se révèle mal conçue et les ingénieurs se voient contraints, par manque de temps, d’installer le moteur en porte à faux. Il en résulte que le véhicule devait vraisemblablement être très peu pratique à la conduite. Lors des tests, le « pilote » a deux accidents, tutoyant d’un peu trop près des arbres. Le second plus solide que le premier mit hors-jeu la voiture Michelin.

L’Éclair est une Peugeot Type 5 équipée d’un moteur de 2 HP ½. Celui-ci est remplacé par un moteur de bateau Daimler de 4 HP. Plus gros que celui d’origine, le moteur doit également être placé en porte-à-faux, déséquilibrant le véhicule. Au ressenti, la direction est erratique et le véhicule se meut de guingois, en zigzag, comme un éclair, dont il tire son nom. Ce n’est pas la seule modification que subit la Type 5, car elle est aménagée pour pouvoir faire face aux pannes et changement de pneumatiques, inévitables durant la course. La caisse à outils contenant les pièces de rechange essentielles porte le véhicule à près de 1 tonne 160 kg.

Pour l’Éclair commence la période des tests. Durant les mois précédents la course, le véhicule a un premier accident sans gravité près de Clermont Ferrand. A trois semaine du départ, lors d’un essai nocturne, un problème de frein, survenu après un changement de roue, provoque une sortie de route. Les conducteurs éjectés sur le gazon, en sont quittes pour une grosse frayeur. Le poteau télégraphique, qui a arrêté la course du véhicule, finit au sol. Sous l’effet du choc, le véhicule prend feu et brûle partiellement. Le véhicule est reconstruit complètement mais il porte les stigmates structurels de l’incendie. Les conducteurs qui auraient dû piloter l’Éclair refusent de le faire. Qu’à cela ne tienne, ce sont les frères Michelin qui prennent place sur la ligne de départ !
L’Éclair est le 46ème et dernier véhicule inscrit sur la liste des participants. Afin de promouvoir l’évènement, tous les véhicules participants sont exposés au Champ de Mars, galerie Rapp.

Le départ de la course est donné le matin du 11 juin 1895. La première étape relie l’Arc de Triomphe à la Place d’Armes de Versailles. Celle-ci tient plus du défilé que de la course, néanmoins, elle est loin d’être une promenade malgré une vitesse moyenne de 12 km/h. Déjà l’Éclair montre son esprit revêche et ne sera pas présente pour le départ de Versailles à midi. Mais la Peugeot n’a pas dit son dernier mot, l’Éclair passe le contrôle de Tours le 12 juin à 21 h 38 puis au contrôle de Bordeaux le 13 juin à 12 h 45 avec un retard de plus de 24h sur le premier et arrive à Paris le samedi 15 à 19 h 50 en 10ème et dernière position mais déclassée puisque la course devait durer 100 heures au maximum. La performance est tout de même à saluer car les frères Michelin montrent tout l’intérêt de leur invention. Chapeau-bas messieurs !

Peugeot propose les roues équipées de pneumatiques en « extra » sur ses véhicules dès 1896.

En savoir plus sur le résultat de la course “Paris-Bordeaux-Paris » –> La voiture d’Emile Levassor sur Panhard arrive la première de cette épreuve. Cependant, celle-ci ne comportait que deux places. Or le règlement spécifiait que seules les voitures de plus de deux places pouvaient prétendre à la récompense. C’est ainsi que le premier prix est attribué à la Peugeot quatre places du duo Koechlin – Rubichon (respectivement pilote et mécanicien).

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