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Histoire des Charlatans et de la Peugeot L76

Découvrez l’aventure, aussi fantastique et haletante que méconnue, des hommes qui ont marqué le sport mécanique. En 1911, sous l’impulsion de Robert Peugeot, ils ont imaginé un moteur révolutionnaire qui a fait date dans l’histoire de la compétition automobile. Voici l'histoire des Charlatans et de la Peugeot L76...

Le défi de la vitesse
Au début du XXème siècle, l’automobile se doit d’être le reflet de son époque, un siècle qui démarre très vite. Peugeot veut atteindre les 150 km/h au moment où les voitures vendues atteignent seulement les 50-60km/h. Pour ce faire, Peugeot et les « Charlatans » inventent, dessinent et fabriquent un moteur révolutionnaire, le moteur de la Peugeot L76.

Le contexte
Dès 1906, Robert Peugeot (neveu d’Armand Peugeot) engage sa société « les Fils de Peugeot-Frères » dans la construction de voitures de petite cylindrée, des voiturettes. Une équipe de motoristes et de pilotes est créée afin de participer aux courses de voiturettes. Ce sont les « Sorciers ». Gratien Michaux et Louis Verdet en seront les motoristes. Jules Goux, Georges Boillot, originaires de Valentigney et Giosuè Giuppone, Italien champion sur moto, piloteront les bolides imaginés par les Sorciers. Ils gagneront de nombreuses courses en France et en Europe. En 1909, ils rafleront toutes les victoires ! En 1911, après l’accident mortel de Giosuè Giuppone, Paolo Zuccarelli le remplacera, après son départ de l’équipe Hispano-Suiza.
En 1910, les branches automobiles des sociétés Automobiles Peugeot et des Fils de Peugeot Frères, fusionnent et les pilotes des Sorciers se sentent pousser des ailes. Ils veulent concourir avec de vraies voitures et quitter les voiturettes.
En 1911, la saison sportive internationale s’annonce incertaine et tous (constructeurs et pilotes automobiles) s’accordent à dire qu’il faut réagir. Le renouveau, pour ne pas dire la révolution, viendra de Peugeot et en particulier des « Charlatans »…

Les “Charlatans” et la première voiture de course moderne
C’est Jules Goux qui présente le projet à Robert Peugeot : «Il faut concourir pour le Grand-Prix de l’ACF qui va se courir à Dieppe le 26 juin 1912. Il faudra fabriquer 3 voitures pour un coût de 100 000 francs chacune». Jules ajoute que les fournisseurs d’acier spéciaux et d’aluminium sont enthousiastes de relever le défi !
Devant ce dossier si bien préparé, Robert Peugeot se laisse convaincre. Il leur adjoint un motoriste, le Suisse Ernest Henry. Robert Peugeot entend bien gagner ce Grand-Prix, aussi met-il une autre équipe en concurrence. Il demande à Ettore Bugatti, avec lequel il collabore pour la future Bébé Peugeot, de concevoir, de son côté, une voiture performante. Ce sera une 5 litres de cylindrée, avec un arbre à came en tête. En fait, elle sera inférieure de 10 CV et de 10 km/h à celle de l’équipe den Jules Goux, les « Charlatans ». On doit ce surnom à Louis Verdet, le motoriste des Sorciers. Après la décision de Robert Peugeot de donner carte blanche aux pilotes, il les a traités de « charlatans » avant de démissionner !
Cette jeune équipe, composée de Georges Boillot (27 ans), Jules Goux (26 ans), Paolo Zuccarelli (25 ans) et Ernest Henry (26 ans), se met rapidement au travail en région parisienne. Ernest conçoit le moteur, Paolo la boîte de vitesses, Jules la suspension et le pont arrière et Georges la carrosserie et les essais en soufflerie.
Grâce à leurs talents et leur enthousiasme, ils réalisent LA voiture de course que tous attendaient, la Peugeot L76.
Son châssis est classique mais très allégé par rapport aux structures à longerons de la concurrence. Le moteur est un monobloc 4 cylindres de 7 600 cm3, donné à l’époque pour une puissance de 148 chevaux à 2 200 tr/mn. Mais ce qui rend ce véhicule vraiment exceptionnel, c’est le système de distribution inédit de son moteur.
Moteur DACT (double arbre à cames en tête), culasse hémisphérique, 4 soupapes inclinées à 45° par cylindre. Les soupapes étant commandées à la montée et à la descente, cette commande desmodromique permet d’augmenter la vitesse de rotation du moteur et donc d’augmenter sa puissance avec une plus faible cylindrée. Les ingénieurs de l’époque l’affirmaient déjà : « Il y aura l’avant et l’après L76 ».
Ce moteur n’est ni le premier « 4 soupapes par cylindre » ni le premier « double arbre à cames en tête », ni la première culasse hémisphérique, mais il est le premier au monde à combiner les trois techniques. Ainsi, les Charlatans ont donné naissance à la première voiture de course véritablement moderne au monde. Vitesse maxi : 190 km/h !

D’autres Peugeot de courses L3 (1913), L45 (1914), ou L25 (1914), vont connaître le succès sur les circuits et courses du monde entier.

Les succès des Peugeot L76 (pour 7,6 litres), L57, L3, L45…

En 1912, c’est au volant d’une L76 que Georges Boillot remporte la victoire au Grand Prix de l’ACF (Automobile Club de France) à Dieppe avec une moyenne de plus de 110 km/h. Il récidive en 1913 sur le circuit d’Amiens à bord d’une L57 (5,7 litres), une victoire complétée par la deuxième place de Jules Goux. Des succès majeurs qui seront suivis de nombreux autres en France, mais aussi en Sicile, Espagne et Belgique.
Le 12 avril 1913, la Peugeot L76, conduite par Jules Goux, remporte à Brooklands, en Angleterre, les records des 50 miles, 100 miles et 150 miles et le record de l’heure précédemment détenus depuis le 15 février 1913 par Percy Lambert sur Talbot.
L’un des succès les plus retentissants de la Peugeot L76 est sans aucun doute celui de Jules Goux aux Etats-Unis, le 30 mai 1913. Le pilote gagne les 500 miles d’Indianapolis, à une vitesse moyenne de 122 km/h, avec la Peugeot L76. Elle deviendra une légende de l’histoire du sport automobile… et Jules Goux un héros !
La Grande Guerre de 14-18 stoppe les courses en Europe. Mais les voitures Peugeot achetées par des amateurs américains participent aux courses aux USA jusqu’en 1917. En 1914 et 1915, les Peugeot de Arthur Duray et Dario Resta se classent deuxièmes du Grand Prix d’Amérique à Indianapolis. En 1916, 4 voitures L45 sont engagées. Deux cassent une soupape, mais Dario Resta remporte l’épreuve et Ralph Mulford sera 3e.
En 1919, Indianapolis demande à Jules Goux de rénover les 4 voitures L45. Jules apporte des pistons en aluminium. Howard Wilcox gagnera la course et Jules Goux sera 3ème.

Sources : Centre d’Archives de Terre Blanche, « Peugeot, compétition automobile 1906-1926 » de Bernard Derelle (édition BDLM), « La Maison Peugeot » de Jean-Louis Loubet

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Les Charlatans : en haut E. Henry, en bas de gauche à droite : G. Boillot, J. Goux et P. Zuccarelli / Illustration issue de la BD "Les Charlatans" du dessinateur Champôl et scénariste Gotim

Archives de Terre Blanche - Boillot passant devant les tribunes du Grand Prix de l’ACF en 1912

Archives de Terre Blanche - Georges Boillot : Vainqueur du grand prix ACF Amiens – 1913

Archives de Terre Blanche - colorisé par Bernard Derelle - Georges Boillot à Dieppe en 1912

Dessin de la L76 Peugeot par ©John Crawley

Jules Goux, vainqueur d'Indianapolis en 1913

Archives de Terre Blanche - plan de la PEUGEOT GRAND PRIX L3 - 1913

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